La troisième marche menant à l’autel de la divine sagesse
Le mysticisme est la voie par laquelle, avec les connaissances acquises par la philosophie et l’expérience acquise par la psychologie, on peut atteindre l’autel de la sagesse divine, lieu où l’on accède à cette connaissance ultime, « à la connaissance de l’Être tout entier », le seul existant qui contient et englobe tout.
La notion de voyage
La véritable signification du mysticisme est qu’il s’agit de la seule voie qui permet de réaliser la vérité.
« Sur la terre, il y a beaucoup de chemins, mais pour l’âme, il n’y a qu’un seul chemin ».
Il existe de nombreuses maisons pour adorer le Seigneur, mais un seul Dieu ; de multiples Écritures, mais une seule vérité. Ainsi, bien qu’il y ait une diversité de méthodes, il n’existe qu’un seul chemin. Cette notion de quête, de voyage, d’emprunter d’une voie pour atteindre un objectif désiré, se reflète dans chacun des titres des ouvrages abordant ce thème :
Le Mysticisme, connaissance de l’Etre Entier
Cahier 1 : La vie intérieure, un voyage dirigé vers la perfection
Cahier 2 : Mysticisme, la voie par laquelle on réalise la vérité
Cahier 3 : De la limitation à la perfection
Cahier 4 : La voie vers dieu ; la réalisation de l’ego véritable
L’initiation
Cahier 5 : La voie de l’initiation ; la guidance divine
Cahier 6 : Le voyageur du ciel ; le murshid

« Nous sommes tous en voyage ; la vie elle-même est un voyage ; personne n’est installé ici ».
Du point de vue philosophique, un tel voyage n’est en réalité pas un voyage , mais un changement d’expérience, un éveil de la conscience vers une nouvelle perception. Nous devenons ce dont nous sommes conscients. Une distance doit être franchie : celle entre limitation et perfection, entre homme et Dieu.
La vie est une ligne joignant limitation et perfection. Tant que nous restons focalisé sur la limitation, sans viser la perfection, nous ne l’atteindrons pas. Notre propre moi voile cette perfection en nous attachant à nos possessions et nous limitant. La perfection réside dans l’expansion de la conscience. A celui qui s’y efforce, le désintéressement vient naturellement.
L’idéal de Dieu
Le mystique dépasse les barrières entre lui et les autres, adoptant point de vue de l’autre. Cette transformation aboutit au point de vue divin et change ses actions. En percevant le bien en tout, il développe une lumière divine qui illumine toute la vie. Il voit la main de Dieu dans tout, bien ou mal. La religion du mystique consiste à faire de Dieu une réalité. Il trouve le Dieu dans forme dans toutes les formes et aime la beauté en tant que manifestation divine. Un cœur centré sur le moi est étroit et devient spacieux lorsque l’intelligence repose sur l’idéal de Dieu..
Selon Hazrat Inayat, en posant votre conscience sur Dieu, l’illimité vous sera accessible, tout comme vos connaissances et pouvoirs. L’idéal de Dieu élève la conscience. En voyant Dieu comme un Bien-Aimé, le mystique transcende son petit moi. Une pensée soufie résume cette quête :
« Il n’y a qu’un seul chemin : l’annihilation du faux moi dans le vrai, qui élève le mortel à l’immortalité et là où réside toute la perfection ».

Par la méditation, l’homme dépasse les limites du corps, se purifie et s’ouvre à la lumière de la vérité, son essence profonde.
Sont en préparation quatre Cahiers sur « Le Mysticisme de la Musique et du Son »
Les Cahiers du thème mysticisme
Cahier n° 1 : La vie intérieure, un voyage dirigé vers la perfection
Ce cahier explore le mysticisme et la transition de la psychologie vers l’autel de la Sagesse divine. Sur terre, nous sommes des voyageurs, la vie intérieure est un chemin : avancer, croître. Tout voyage requiert un but clair et une préparation, comme honorer ses responsabilités envers notre entourage. La vie repose sur un équilibre où chaque dette doit être réglée pour éviter regrets et plaintes. Cela demande apprentissage et pratique, fondés sur une bonne connaissance de la psychologie. Un équilibre entre tête et cœur, pouvoir et sagesse, activité et repos est essentiel. Ces qualités seront abordées dans les prochains cahiers.
Le but est de rendre Dieu tangible, d’établir une relation avec Lui, car on ne peut aimer ce qu’on ne voit pas, et en faire son Bien-aimé. La vie intérieure consiste à chercher son Bien-aimé partout, en soi et hors de soi. L’homme accompli s’harmonise avec les autres, respecte les lois universelles tout en suivant sa propre loi intérieure, qu’il découvre en lisant le monde comme un livre. Derrière chaque événement, il perçoit une cause originelle. Vivant en communion avec cette cause, « Dieu demeure en lui, et lui en Dieu ».
Le voyage intérieur mène au plus profond de soi, de Dieu, de son idéal. Par un long processus, l’âme évolue à travers les qualités de la création – minérale, humaine, angélique – pour atteindre la perfection. Une telle âme rend Dieu vivant sur terre. Les derniers chapitres décrivent des âmes spirituelles comme le vairâgi, le maître, le saint ou le prophète. Ces êtres, par amour pour l’humanité et service à Dieu, transmettent le message divin sans rien attendre en retour.

Cahier n° 2 : Mysticisme, la voie par laquelle on réalise la vérité
Le mysticisme, voie vers la vérité, met en avant l’idée d’unité : Un seul Dieu, une seule vérité, une seule religion, un seul mysticisme. Bien qu’il existe diverses méthodes, il n’y a qu’un chemin : le mysticisme. Plusieurs méthodes se distinguent : par la tête, le cœur, l’action et le repos. La quête intellectuelle mène à la compréhension de la raison derrière chaque chose, bonne ou mauvaise, permettant au mystique de s’harmoniser avec l’existence. Il comprend que ni le corps ni l’esprit ne sont son vrai moi, mais des outils pour vivre.
Le cœur, éveillé et élargi, devient le véhicule de l’âme pour percevoir le monde intérieur et extérieur. « Aimer tous, c’est aimer Dieu. » L’action est le moteur de toute réalisation, matérielle ou spirituelle. Par ses actions, l’homme manifeste sa pleine humanité à travers la considération et la compréhension des autres. Le repos, lié au silence, est exploré par la méditation. Méditer permet de découvrir la vie au-delà de l’aspect tangible, touchant à la source de toute activité, origine de tout et en qui tout se résorbera. Quand les lèvres se taisent, le cœur parle ; quand le cœur se tait, l’âme illumine la vie.
Dans le silence, la Voix du Seigneur se révèle, et la Parole divine, présente en chaque chose, se manifeste. Le mystique cherche à se relier à l’Esprit divin par la méditation, où la pensée de Dieu unit, tandis que la conscience de soi sépare. Le désir de liberté réside au cœur de chaque être et s’accomplit en oubliant son moi limité dans la pensée divine. Le but ultime est la libération de l’âme.

Hazrat Inayat conclut : « Lorsque Dieu est en vous, tout est en vous… si seulement vous ouvrez les yeux pour voir la bénédiction. »
Cahier n° 3 : De la limitation à la perfection
L’âme arrive sur terre sous une forme limitée, s’identifiant à un corps physique. La vie étant une ligne entre limitation et perfection, le mysticisme guide vers la perfection, enseignant à rejeter le faux ego pour découvrir le moi authentique. C’est voir Dieu et le monde simultanément, où « Dieu est tout ». L’homme commence sa vie dans la perfection et la méditation mystique cherche donc à retrouver le soi originel. Cet art, nécessitant un maître en qui l’on a confiance, mène à une paix intérieure. Le silence, où tous les corps s’harmonisent, devient un véhicule pour une conscience élevée. À travers cette paix, le message divin se révèle. Suspendant activité et expression, le mystique contrôle mouvements, pensées et émotions, découvrant une étincelle de l’Être divin qui rend tout possible.
Toute la création provient du désir, et son but est son accomplissement. La prière « Que ta volonté soit faite » en est une expression. Réaliser un désir est une étape vers la perfection spirituelle. La vraie aspiration de l’âme est une perfection intérieure, indépendante du monde extérieur. Le mysticisme enseigne qu’un plan divin est à l’œuvre, et que l’acceptation transforme l’adversité en sérénité. La satisfaction n’est pas atteinte, mais découverte. Renoncer à un désir n’a de sens que lorsqu’on dépasse ce désir, car le cœur humain est sans fond.

Attachée à son moi limité, l’âme se masque l’idéal de perfection. En se perdant, l’homme trouve son vrai moi, et la perfection devient accessible. Ouvrir son cœur aux autres, faire preuve de tendresse et d’empathie permet de dépasser le moi limité. Un poète soufi affirme que le cœur de l’homme est plus vaste que l’univers.
Cahier n° 4 : La voie vers dieu ; la réalisation de l’ego véritable
Ce cahier rassemble les conférences données par Hazrat Inayat à Suresnes lors des « Universités d’été » de 1925 et 1926, dans la série Philosophie, Psychologie, Mysticisme. Les premiers cahiers clarifient sa vision sur la philosophie et la psychologie, orientant les thèmes des volumes suivants.
Ce quatrième livre approfondit l’idée de la « connaissance de l’être tout entier » et conclut que la quête mystique mène au Royaume de Dieu, où le mystique découvre son moi.
Des thèmes comme amour, fraternité, beauté, nature, conscience, idéal, religion, Dieu et ego, abordés précédemment, sont ici développés pour guider vers l’Être tout entier, le « monde du mystique ». L’amour devient universel, la nature est perçue comme l’unique Écriture Sainte, et toute beauté appartient à Dieu, formant un Tout harmonieux.
Le mysticisme enseigne la fraternité et répond au besoin d’union humaine, voyant l’humanité comme un Être unique. L’élargissement de conscience et l’ouverture du cœur permettent d’avancer vers Dieu. L’idéal s’élève jusqu’à devenir Dieu, intelligible à l’esprit humain. La connaissance de soi passe par celle du corps et du souffle, de l’esprit et du cœur. En se comprenant, on découvre que fautes et mérites du monde sont en soi, et l’homme crée en lui paradis ou captivité. Le vrai ego, voilé par le faux ego (nafs), identifié au corps et à l’esprit, est comme un tombeau. Cet ego évolue jusqu’à atteindre la paix et s’effacer en Dieu. Le croyant est alors enveloppé par Dieu.

Les dernières conférences offrent une vision intime du mystique : sa perception de l’espace, du temps, de l’inspiration et de la vérité. Il voit tout comme une image de la vérité, où la vie entière reflète son divin Bien-Aimé. Pour lui, le tout est parfait, et toute imperfection participe à cette perfection.
Cahier n° 5 : La voie de l’initiation ; la guidance divine
Cahier n° 6 : Le voyageur du ciel ; le murshid
Ces cahiers évoquent la tendance humaine à chercher un guide en cas de difficulté. Si le mysticisme est un voyage vers la perfection, une quête de vérité et un chemin vers Dieu, on cherche naturellement un guide lorsqu’on ignore la voie, sa longueur ou ses obstacles. De même qu’on fait confiance à un pilote pour atteindre une destination, on cherche instinctivement quelqu’un pour nous orienter sur ce chemin spirituel. Dans chaque vie, vient un moment où l’âme se sent limitée ou déçue. Cet éveil élève la conscience, permettant de voir un horizon nouveau. Ce développement naturel est une initiation intérieure.
L’initiation
Le terme initiation partage ses racines avec initiative, indiquant un commencement, une volonté personnelle d’avancer sur une voie peu empruntée. L’initiation, c’est s’élever au-dessus de l’ordinaire, montrant la maturité de l’âme. C’est progresser sur un chemin invisible, au-delà des sens habituels. La deuxième étape consiste à matérialiser cette initiative par une initiation donnée par un maître spirituel. Cette initiation symbolise la confiance mutuelle entre maître et élève. Le disciple doit cultiver une attitude bienveillante et la confiance en soi.

À la question de suivre un guide humain plutôt que directement l’Esprit divin, Hazrat Inayat explique que Dieu agit pleinement à travers Ses maîtres. Le meilleur moyen pour Dieu d’atteindre l’homme est par un être humain, soumis à la naissance, la mort et les erreurs. La mission de l’enseignant est de préparer l’élève à devenir un instrument de Dieu. Non instrumentiste lui-même, il accorde l’instrument et le remet à Dieu, le véritable musicien.
Ceux à qui l’on demande conseil, qu’ils soient humains ou spirituels, ne peuvent guider que selon leurs limites. En se tournant vers Dieu, « toute lumière et connaissance intérieures sont disponibles pour guider l’homme ». Pourtant, souvent absorbé par le monde extérieur, l’homme néglige cette guidance intérieure. La communication intérieure, cœur du mysticisme, reste voilée par cette distraction. Lever ce voile est ce que les soufis appellent l’initiation au chemin spirituel.