Thème Psychologie

La deuxième marche menant à l’autel de la divine sagesse

La philosophie place l’homme à l’apogée de la création, au cœur de cet univers dont il porte également en lui la graine. La psychologie, quant à elle, le révèle comme un être vivant immergé dans cet univers, entouré de myriades d’autres êtres qui vivent, vibrent, s’expriment et communiquent. Ces innombrables vibrations, qu’il reçoit et émet, l’attirent, le repoussent, l’influencent, le façonnent, et constituent la trame avec laquelle il doit construire son existence, faire sa vie.

« Le corps humain – dit Pîr-o-Murshid Inayat Khan – est un appareil émetteur-récepteur de radio. Si ses sens, son mental, étaient ouverts pour recevoir, il recevrait non seulement tout ce qui vient du monde autour de lui, mais aussi du monde plus proche, autrement dit du monde intérieur. De sorte que même des expériences telles qu’entendre quelque chose, voir quelque chose ou percevoir une odeur, ressentir de la dépression ou le besoin de rire sans raison, toutes ces choses sont des phénomènes prouvant que l’homme est un vivant appareil radio. »

Cela ouvre un grand champ de réflexions sur nous-mêmes et rappelle que la psychologie est : « La compréhension de la cause et de l’effet dans toute chose, dans chaque action. »

Le domaine de la psychologie peut être divisé en trois parties :

  • l’une représente ce côté « vivant appareil radio » et « le monde mental »,
  • la seconde concerne la personnalité humaine, sa construction et son développement, ainsi que l’art de vivre dans ce monde.
  • Un troisième aspect concerne la santé du corps et de l’esprit.

L’aire du mental de l’homme

Le premier aspect de la psychologie, qui représente ce côté « vivant appareil radio » et le monde du mental, peut s’appeler « L’Aire du Mental », car :

« Le mental est une aire par laquelle sa propre substance, comme vibrations et atomes, produit des imaginations, des pensées, des sentiments, des inspirations et des révélations ».

Les portes du mental

Hazrat Inayat Khan explique que cette aire possède deux ouvertures : l’une vers l’extérieur, l’autre vers l’intérieur. Ces portes restent généralement ouvertes, sauf si la volonté les ferme. Par la porte extérieure entrent désirs, besoins sensoriels et impressions du monde. Par l’autre arrivent intuitions, inspirations et révélations. Ces éléments s’organisent, formant pensées, idées et sentiments. L’interaction entre ces influences crée des conflits, et comme celles de l’extérieur sont plus denses et rapides, elles effacent souvent celles de l’intérieur, engendrant confusion entre bien et mal. En purifiant l’aire et en fermant la porte extérieure, nous pouvons communier avec l’Être Divin. Ceci résume ce qui entre dans le mental et comment nous pouvons en contrôler sa production par la volonté.

Le mental est comparé à un pont entre âme et corps : il crée des images semblables à des nuages, formant un voile qui sépare les deux extrémités du pont. La volonté se fixe sur ces images extérieures au lieu de recevoir l’impulsion de l’âme. Cette difficulté est cruciale dans l’étude de l’homme par lui-même.

L’expression et le contrôle des pensées et sentiments sont essentiels dans ce monde mental, décrit comme une terre fertile. L’homme y projette inconsciemment pensées et paroles, qui, comme des graines, croissent et s’épanouissent. Chaque pensée devient un être vivant, suivant son chemin jusqu’à son accomplissement.

Le palais des miroirs

Le monde mental est souvent perçu comme un dôme résonnant, contenant toutes les voix inscrites dans l’univers, semblables à des sons sur un disque. Ces voix, formées de paroles, pensées et émotions, continuent de vibrer dans cet espace, générant des échos infinis. Elles constituent un « langage cosmique« , une communication subtile, inaudible mais perceptible, qui influence chaque être, consciemment ou non. Ce monde est aussi décrit comme un « Palais de Miroirs« , un univers de réflexions où le mental se comporte comme un miroir renvoyant des images-pensées d’un miroir à l’autre. Chaque personne est exposée à ces reflets vivants, car les miroirs eux-mêmes sont vivants.

L’homme, en tant qu’être vivant, est créateur. Le mental et le cœur ne se contentent pas de retenir des impressions, ils génèrent des créations similaires. Une impression de succès engendre davantage de succès, tandis qu’une impression d’échec attire l’échec. Un cœur qui reflète une rose en verra partout. Ces réflexions agissent comme des graines, produisant fruits et fleurs selon leur nature. Une pensée de peur non seulement projette cette peur, mais crée aussi un objet à craindre. Ce monde mental est un univers vaste, empli de tout ce que nous y avons introduit, consciemment ou par automatisme. Il est dit que ce royaume nous appartient et que nous en sommes responsables.

Qu’est donc ce mental ?

« L’âme a fait le mental à partir d’elle-même. 
Le mental est fait des vibrations de l’âme, et le mental a fait le corps. »

puis Hazrat Inayat Khan, qui explore les multiples aspects du mental, ajoute que c’est un instrument inexplicable situé entre le corps et l’âme. Le mental est l’outil de l’âme, et le corps celui du mental.

L’apparence d’une chose ne reflète pas sa véritable nature, mais la forme sous laquelle elle se manifeste. Cette forme permet de la percevoir et d’en avoir une idée, sans forcément comprendre sa réalité profonde. Les aspects du mental souvent évoqués incluent la pensée, la mémoire, la raison, le sentiment, l’ego et la volonté. Les étudier offre une certaine connaissance, même si les descriptions varient dans les Cahiers. Les aspects

En parlant du mental et du cœur, il est dit qu’ils sont deux faces d’un même aspect : le mental est la surface et le cœur, la profondeur. « Comme on connaît la surface du cœur à travers les pensées, on connaît la profondeur du mental, le cœur, par le sentiment. »

Le travail automatique du mental

Sur la première marche « vers l’autel de la divine sagesse », le mental est un moule acquis dans la sphère des djinns et complété sur terre, comparable à un canevas vierge. Les impressions qui s’y inscrivent deviennent une broderie, menant à la deuxième marche : la psychologie.

Pîr-o-Murshid Inayat Khan explore ce domaine via la suggestion et le magnétisme, influençant fortement le mental. Il souligne : « votre vie évolue avec chaque impression reçue ». Souvent, nous acceptons des suggestions sans en être conscients, il est donc essentiel de discerner entre suggestions bénéfiques et nuisibles, et de différencier mental automatique et mental maitrisé.

Selon Hazrat Inayat, la volonté est l’activité dirigée par l’intelligence, et sans intelligence, il y a impulsion aveugle. La volonté doit croître pour contrôler corps, mental et cœur. Aucun sentiment ou acte n’est mauvais en soi, mais le devient s’il échappe au contrôle. Chaque mot devrait être contrôlé, chaque sentiment exprimé selon notre volonté. Pour atteindre le but de la vie, le mental, outil de l’âme, doit être maitrisé. Il permet une pleine expérience intérieure et extérieure, mais doit être dirigé.

Hazrat Inayat Khan compare le mental à un bateau soumis aux vagues des émotions et au vent des influences. Ce bateau a besoin d’une ancre : l’objet de notre concentration. Il ne doit pas rester immobile, mais voyager, guidé par le vent spirituel vers son destin. Un mental concentré devient une boussole. Une personne dispersée n’est pas prête pour ce voyage. Seule celle qui fixe un but clair peut avancer d’un port à l’autre.

Ce voyage, finalité de l’âme, est le mysticisme. Le canevas du mental, exploré par la philosophie, mène à sa broderie en psychologie, puis au mysticisme.

La concentration

Pîr-o-Murshid Inayat Khan affirme que tout le mysticisme et l’ésotérisme reposent sur l’idée de concentration.

L’exercice de la concentration est indispensable pour la maîtrise et le contrôle du mental.

Ce thème revient fréquemment dans plusieurs cahiers :

« Comment garder le mental des pensées perturbatrices grâce au pouvoir de la concentration »

« Comment garder nos pensées loin des choses terrestres »

 » Comment rappeler à notre esprit la pensée de Dieu »

« Savoir se concentrer est tout savoir »

On découvre également que la concentration mystique conduit à la réalisation du « moi » véritable. En effet, l’âme s’habitue à s’identifier au corps, à l’environnement, aux noms, au rang et aux possessions, qui ne sont que des illusions. Absorbée par ses attachements et préoccupations, l’âme se rend aveugle par ces voiles d’illusion, se cachant ainsi sa propre vérité. C’est pourquoi la concentration veut dire « changer l’identification de l’âme ».

La conscience

Les pratiques de concentration, contemplation et méditation nous amènent à une conscience plus claire et profonde de ce que nous sommes réellement. Nous sommes ce dont nous sommes conscients. Un homme en prison est conscient de sa prison, tandis qu’une personne riche ignorante de sa fortune est pauvre. Par conséquent, notre grandeur ou petitesse dépend de notre conscience. Hazrat Inayat Khan précise que la conscience est l’élément divin, notre partie divine et devenir une âme illuminée n’est qu’une différence de conscience.

Le cahier n° 5 de Philosophie explique qu’avant la manifestation, une Conscience surgit de l’Absolu, conscience d’existence, et toute la manifestation naît de son développement. Dans le cahier n° 3 de Psychologie, il est écrit que la Conscience est de l’Intelligence pure, imprégnée d’une idée ; elle est consciente de quelque chose et donc conscience.

Hazrat Inayat Khan précise que la sphère de cette Conscience est l’Absolu. Elle n’est pas découpée pour l’homme, mais l’homme en occupe une portion qui s’étend aussi loin que lui-même peut s’étendre. Pour lui, l’Absolu entier peut être sa conscience. Extérieurement, il est individuel, mais en réalité, on ne peut le définir.

C’est cette idée que l’on retrouve dans la Bible : « Soyez parfait comme votre Père au Ciel ». Cela signifie que la Conscience absolue est perfection, et que nous en faisons partie. Nous vivons tous en elle, mais notre horizon s’étend selon celui de notre propre conscience. »

Nous arrivons de nouveau au seuil du mysticisme.

L’expansion de conscience

Dans toute quête spirituelle, qu’il s’agisse de religion, de mysticisme, ou de philosophie, progresser implique une expansion de la conscience. Celle-ci est symbolisée par deux ailes qui lorsqu’elles s’ouvrent, représentent son expansion. Ce déploiement de l’âme est l’élargissement de la conscience.

Hazrat Inayat Khan nous confie le secret du mysticisme, de la religion et de la philosophie : lorsque notre conscience, légère et libérée, s’élève et atteint les profondeurs de notre être, c’est comme toucher la présence divine.

L’âme, source de vie, n’a pas besoin du corps ou du mental pour exister, mais « pour se connaître elle-même, l’âme utilise le corps et le mental. »

Les yeux, bien qu’ils voient tout, ne peuvent se voir sans un miroir. « De même, le corps et le mental agissent comme un miroir pour permettre à l’âme de se percevoir et de comprendre son indépendance. »

Cette qualité de miroir du corps et du mental est donc à développer et à cultiver.

Avant d’aborder la troisième marche « vers l’autel de la divine sagesse » l’étude de la psychologie est complétée par L’Art de la Personnalité ainsi que par la Santé du Corps et du Mental.

Les cahiers

Les cahiers n° 1, 5 et 6 ont été composés par Hazrat Inayat Khan lui-même.

Cahier n° 1 : Le travail du mental, son pouvoir et son contrôle

Ce cahier explore les thèmes abordés par Hazrat Inayat lors des conférences sur la philosophie, la psychologie et le mysticisme des Écoles d’Été de 1925-1926. Il souligne l’influence de notre environnement. De nombreuses impressions viennent de suggestions inconscientes que notre mental accepte, influençant nos réussites, échecs ou comportements. Les noms reçus, paroles entendues, ou mots sacrés façonnent notre attitude, tandis que l’autosuggestion joue un rôle central. L’attraction ou la répulsion envers autrui est une autre forme d’impression.

Le magnétisme, ici étudié, révèle que nous attirons ce qui nous correspond. On distingue le magnétisme physique, lié à la jeunesse ; mental, basé sur la compréhension ; et celui du cœur, plus puissant, qui touche l’âme. Le magnétisme de l’âme attire humains, âmes invisibles, animaux et plantes, créant une atmosphère durable. Toutefois, sans contrôle ou force, il se perd : L’action le développe, le repos le conserve.

L’attitude du mental influence aussi notre perception de la vie. Maîtriser le mental revient à ajuster cette attitude.

Enfin, le chapitre sur la nature humaine (innée), le caractère (façonné par nos habitudes), et la personnalité (harmonie entre nature et caractère) introduit le concept central du deuxième volet, l’Art de la Personnalité.

Cahier n° 2 : La psychologie de l’impression ; expression et contrôle

Ce cahier explore le magnétisme, l’attraction, la répulsion et leurs influences. Bien qu’il répète certaines idées, ces répétitions sont utiles. Hazrat Inayat décrit le magnétisme comme une affinité dotée de pouvoir, attirant son élément propre. Cette force unit l’univers : les atomes d’eau forment la mer, ceux de terre forment le sol. Sans elle, tout se désintégrerait. La partie la plus forte attire la plus faible, et Dieu, unique Pouvoir, est le Bien-Aimé, vers qui tout converge. Cette affinité devient Amour, Amant et Aimé, idéalement représentée par Dieu, Être suprême.

Les pensées et sentiments, lorsqu’exprimés, perdent souvent leur essence. Le soufisme valorise le silence, où le cœur reçoit beauté et sagesse, devenant une pierre philosophale. En alchimie, le mercure, symbole d’un mental agité, doit être apaisé pour devenir argent. Un mental incontrôlé crée un faux ego, cruel envers soi et les autres. Une fois maîtrisé, le véritable ego triomphe, marquant l’accomplissement spirituel. Les légendes hindoues illustrent cette transformation : tuer le faux ego pour révéler le vrai.

Dans cette quête, l’idée de Dieu dépasse l’ego, menant à la vérité et à la divinité de l’âme humaine. L’extérieur de l’homme est limité, mais son intérieur est divin et infini. En plongeant en lui-même, il trouve Dieu, car Dieu et l’homme sont liés. L’âme, bien que liée au mental et au corps, aspire à la libération. Le Soufi vise à effacer ces attaches pour restaurer l’âme à son état originel.

Prière et adoration sont essentielles, permettant à l’âme de se voir et de se libérer, comme évoqué dans la tradition chrétienne du Salut.

Cahier 3 : L’expansion de la conscience

Nous abordons ici des thèmes comme le magnétisme, la volonté, le pouvoir de la pensée, le silence, la concentration, l’alchimie et la maîtrise du mental. Ce dernier, lié au corps, est décrit comme étant à l’intérieur et à l’extérieur du corps, tout comme une lumière dans une lanterne et autour d’elle. Le corps est la lanterne, mais la lumière brille indépendamment. Le contrôle du mental est présenté comme essentiel pour progresser spirituellement. Le mental agité est l’ennemi du bon sens. Calme, il engendre la sagesse. La méditation, le silence et la concentration permettent à l’âme de s’unir au vrai « moi » et favorisent des réflexions sur la conscience. L’âme s’accordant avec son état de conscience, son expansion est importante.

Hazrat Inayat évoque le sommeil comme un passage de l’âme entre différentes sphères. Il décrit cinq phases de conscience :

  • Nasout : L’expérience via les sens avec le mental.
  • Malakout : La joie ou tristesse indépendantes du corps.
  • Jabarout : Une sphère où noms et formes n’ont plus d’influence.
  • Lahout : Un instant d’élévation au-delà des limites, aussi éphémère qu’un oiseau qui passe.
  • Hahout : La conscience atteint sa profondeur ultime, comparable à toucher les pieds de Dieu.

Ces étapes, bien que franchies par tous, restent inconscientes pour la plupart. L’expansion de la conscience, abordée dans le cahier n° 2, continue ici dans deux directions : intérieure et extérieure. Par la méditation, l’âme contrôle les sens, passant du monde extérieur à l’intérieur, gagnant force et expérience. Elle peut ainsi remonter à sa source : l’Esprit de Dieu. L’expansion extérieure se réalise en changeant de perspective, brisant les barrières mentales et communiquant avec l’âme universelle, élargissant l’horizon spirituel jusqu’à la perfection.

Cahier 4 : L’aire du mental de l’homme

Ce cahier, semblable à un lexique, éclaire les concepts des précédents écrits. Il explore la nature des pensées, imaginations, sentiments, rêves, visions et révélations. La relation entre mental, corps et âme est évoquée : Le mental crée une pensée. Le cœur engendre une pensée. La mémoire la conserve. La raison en trouve la cause. L’ego pense ‘Je’.

La vie et Dieu se révèlent sans cesse. Les rêves, visions et sentiments sont liés à la révélation. Hazrat Inayat Khan précise que la révélation ne vient pas à nous, c’est l’âme qui s’ouvre. Toute vie, visible ou non, communique. Tous les êtres parlent, mais nous n’entendons pas tout.

L’intuition est décrite comme une lueur de connaissance accumulée surgissant au moment voulu. L’inspiration comme la lumière de l’âme explorant des sphères et illuminant ce qui semble bon et beau. La vision comme donnée à un mental tranquille, car un mental agité est comme une eau troublée, incapable de refléter clairement. Ces formes de révélation dépendent de l’ouverture du mental, du cœur et de la conscience de l’âme. La véritable révélation dévoile la vie, son origine et sa fin dans un langage unique, traduit selon l’art de celui qui la reçoit : mots, musique, peinture ou silence intérieur.

Ces paroles de Hazrat Inayat datent des premières années en Angleterre, entre 1915 et 1920. Les deux derniers chapitres proviennent de conférences en 1926 aux États-Unis , intitulées « Inspiration » et « Révélation ». Malgré quelques répétitions, ces chapitres offrent de nouvelles perspectives et soulignent l’importance de ce sujet pour Hazrat Inayat Khan.

Cahier 5 : Le langage cosmique ou la faculté d’enregistrer

« Le langage cosmique » montre que la manifestation enregistre tout, tel un disque gravant et restituant des voix. Tout dans la création s’exprime pour être entendu, chaque voix résonnant sans fin. Affirmer ‘Je ne crois que ce que je vois’ révèle notre ignorance. Que nous en soyons conscients ou non, ces messages nous atteignent et notre mémoire les conserve. Tout ce que nous créons vit. Pensées, sentiments, paroles ou actions, même oubliés, subsistent. Comme des graines semées, la vie les fait germer et fructifier. Comprendre ce cycle développe notre responsabilité. L’ignorance de cet impact reflète une méconnaissance du sens de la vie.

La seconde partie explore perception et communication, ainsi que l’ego. L’homme s’identifie d’abord à son corps, puis à un mélange de corps, mental et émotions. En s’observant, il réalise que ce qu’il perçoit comme lui-même ne l’est pas. « Je » dépasse la compréhension humaine. L’ego réel subsiste une fois le faux ego qui l’égare est écarté puis dissous. Dans cette prise de conscience, l’âme renaît. Connaître l’ego révèle le secret de l’immortalité.

Mémoire, raison, cœur, mental, intuition et inspiration sont des clés pour comprendre la vie. Saisir le cœur, c’est comprendre le langage de l’univers. La perception peut être mentale (pensée), émotionnelle (sentiments) ou spirituelle (intuition). Au-delà de l’intuition, l’inspiration est une récompense de l’âme issue du Mental divin.

L’homme inspiré, connecté à ce Mental, est élevé au-dessus de la terre. Quand l’homme devient un instrument de Dieu, tout devient communicatif et un dialogue s’établit avec Dieu. C’est la révélation.

Cahier 6 : Le palais des miroirs ou le phénomène de la réflexion

« Le palais des miroirs ou le phénomène de la réflexion » rassemble les conférences données lors de l’École d’Été de 1924, en alternance avec le « Langage Cosmique ». Ce dernier décrit l’univers comme un dôme où toutes les voix persistent. Le mental est comparé à un palais de miroirs, où chaque pensée est projetée. Une pensée forte peut surmonter les obstacles, comme une image gravée sur un disque se répète. Hazrat Inayat explique que dans ce jeu de reflets, rien n’est caché, même les non-dits se dévoilent. Il enseigne que toute émotion, positive ou négative, est perçue par les autres. Cela révèle que l’univers a une source et un but unique, la diversité n’étant qu’un voile.

L’âme, dans son voyage terrestre, absorbe les reflets des sphères traversées. Elle réfléchit ce qu’elle touche et, avec le temps, devient ce qu’elle reflète. Ce principe, nommé tawajoh par les Soufis, désigne la réflexion du maître dans le cœur du disciple, une transmission spirituelle plus précieuse que tout enseignement. Hazrat Inayat insiste sur la nécessité d’un cœur pur, libéré des croyances rigides et vivant par l’amour, pour recevoir cette réflexion. Grâce à la concentration, le cœur peut se tourner vers Dieu et recevoir un reflet parfait. Ainsi, l’adorateur voit non une goutte d’eau, mais l’océan entier. Il fait de Dieu un idéal pour en faire une réalité, puis Dieu fera de lui la vérité

Psychologie : l’art de la personnalité – l’art d’être

Il existe une différence fondamentale entre individualité et personnalité, comme celle entre nature et art. La nature touche l’âme, l’art touche le cœur. L’art sublime la beauté née de la nature. Ne pas saisir cela, c’est ignorer la force de l’art. La personnalité est l’art le plus noble. Un avocat ou médecin compétent sans cet art sera désagréable partout. Richesse et études ne suffisent pas : c’est la transformation en personne qui compte. Peu saisissent la différence entre individualité, notre base innée, et personnalité, construite ensuite. L’art de la personnalité ne vise pas qu’à plaire, il donne un sens profond à la vie.

Qu’est-ce que l’art de la personnalité ? C’est l’expression authentique de soi. Le manifester est signe de grandeur. Comme un diamant doit être taillé pour briller, la personnalité doit être façonnée avec soin. L’art de la personnalité est un sentiment profond qui guide pensées, paroles et actes.

Quand Jésus-Christ disait aux pêcheurs : « Venez, je vous ferai pêcheurs d’hommes », il révélait l’art de la personnalité. Cet art est une magie. Les sages voient en Dieu l’homme comme but de la vie, la transformation d’un simple individu en une personne accomplie.

Quatre étapes jalonnent ce développement : la première est la réflexion, observer ses pensées et actions. La deuxième est leur contrôle. La troisième est un flot spontané de sympathie qui attire les autres. La quatrième est l’absence d’effort, l’artiste devient art, chaque acte devient tableau admirable.

Cahier 1 : La construction du caractère et l’art de la personnalitéSadhana la voie de l’accomplissement

Les Hindous appellent la Manifestation le Rêve de Brahma. Dans le rêve, pensées et sentiments s’expriment librement, devenant concrets.

La nature de l’homme reflète ses pensées et sentiments, comme « le visage de l’homme est l’image de ses pensées » ; il montre les impressions reçues. Dès le début et toute sa vie, chaque personne construit sa nature avec ces impressions, qui deviennent ses qualités. La seule chose construite dans la vie est sa propre nature. Si ces qualités sont belles, elles forment un trésor céleste ; sinon, elles pèsent sur l’âme et il vaut mieux s’en débarrasser. Tout autre travail sur terre disparaît à la mort, mais cette richesse suit l’âme pour toujours. « La nature naît ; le caractère se construit ; la personnalité se développe. »

Le caractère se forme par la volonté, qui contrôle certaines impulsions et renforce les désirs positifs. Il aide l’homme à jouer son rôle et accomplir sa tâche. « Un homme sans caractère est comme une fleur sans parfum. » On dit : « L’étude la plus importante pour l’humanité est l’homme » ; l’art le plus adapté et difficile est l’art de la personnalité, car il transforme l’homme en personne. « Une personnalité attirante est une belle œuvre d’art vivante. »

A venir :
Cahier n° 2 : L’affinement de l’ego
Cahier n° 3 : La culture morale ; la loi de l’action
Cahier n° 4 : L’art d’être (avec l’accord du sufi movement)
Cahier n° 5 : L’éducation des enfants

Psychologie : la santé du corps et du mental

A paraître